Habib sharifi
(1983 - 2021)
Habib Sharifi, né le 11 août 1933 à Khorramshahr, en Iran, et décédé à Paris le 24 mars 2021, est un poète, chercheur et universitaire franco-iranien.
Originaire du sud de l’Iran, Habib Sharifi a grandi à Khorramshahr avant de poursuivre des études supérieures à l’université de Téhéran, où il obtient un master en droit et en sociologie. En 1976, il se rend à Paris pour poursuivre ses études et décroche un doctorat en sociologie de l’université Sorbonne René Descartes, avec la mention bien.
En 1980, dans le contexte de la guerre Iran-Irak, Habib Sharifi quitte son pays natal et s’installe en France avec sa famille, dont son fils Amir Sharifi. Installé à Paris, il se consacre à l’enseignement et à la recherche, notamment à la Sorbonne Nouvelle. Passionné par la poésie et la littérature persanes, il devient un éminent spécialiste dans ce domaine et anime des conférences dans plusieurs universités en France et en Europe.
Habib Sharifi est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes ainsi que d’ouvrages de recherche qui témoignent de sa profonde connaissance et de son amour pour la culture persane. Son décès, survenu à Paris le 24 mars 2021, marque la fin d’une carrière riche et dédiée à la promotion de la littérature persane en Europe.
« La culture est cette résistance qui demeure quand tout nous a été arraché. »
Habib Sharifi
Traduction par Leili Anvar
J’ai allumé un feu dans mon cœur, dans cette âme qui est mienne
Même si à tes yeux, n’apparait pas l’ardeur
secrète qui est mienne
Bien que comme la bougie, je sois silencieux au sanctuaire intime
Les flammes s’exhaleraient si je déliais ma langue
la langue qui est mienne
Débordant la patience d’avoir toute une vie, hélas, vécu loin de l’Aimé
Exprimant la stupeur devant ma résilience
cette force qui est mienne
Ô souffle doux de l’aube, aube de l’espérance
Mes yeux ont bien blanchi pour éclairer ces nuits
nuits obscures qui sont miennes
Personne ne peut lire ne serait-ce qu’une ligne du cahier de la vie
Qui trouvera la ligne qui me protègera du destin à venir
destinée qui est mienne ?
Notre vie a passé et a passé aussi tout ce que le monde nous a fait
Je ne confierai pas aux chagrins et regrets le temps qu’il reste à vivre
de la vie qui est mienne
Chacun a dévoilé le secret de son cœur dans sa propre grammaire
Mon regard silencieux est ma façon de dire,
l’expression qui est mienne.
Translation by Leili Anvar
I have lit a fire in my heart, in this soul of mine
Though your eyes do not see this secret ardor of mine
Though like the candle I am silent in my intimate sanctuary
The flames would exhale if I opened this mouth of mine
Overflowing the patience of having lived a lifetime, alas, far from the Beloved
Expressing amazement at my resilience, this strength of mine
O gentle breath of dawn, dawn of hope
My eyes have turned white to illuminate these dark nights of mine
No one ever reads even one line of life’s unwritten book
Who will find the protection line to shelter me from this fate of mine?
Our life has passed and passed also whatever the world has done to us
I will not entrust to sorrows and regrets the time left to live this life of mine
Everyone can reveal the secret of his heart in his-her own manner
My silent gaze is my way of speaking , the expression of mine.
آتش افروخته ام در دل و جانی که مراست
گر عیان نیست ترا شور نهانی که مراست
گرچه چون شمع خموشم به سراپرده خویش
شعله خیزد چو کنم باز زبانی که مراست
به صبوری که هلا عمر چو بی دوست گذشت
به شگفتی که عجب تاب و توانی که مراست
چشم من گشت سپیدای نفس صبح امید
تا که روشن شود این تیره شبانی که مراست
کس نخواند خطی از دفتر ناخوانده عمر
چه کس آرد زقضا خط امانی که مراست
بگذشتیم و گذشت آنچه جهان با ما کرد
نه سپارم به غم و غصه زمانی که مراست
هر کسی راز دل خویش به تدبیری گفت
نگه خامش من طرز بیانی که مراست
Traduction par Leili Anvar
Si seulement ce vin, sang au cœur de la coupe pouvait me secourir
Alors que je dois boire au calice de la vie l’amertume des temps
Cette nuit
Aux flammes de la coupe, je brûlerai le cahier des noms et du renom
Pour libérer mon âme des pensées illusoires
Cette nuit
Si mon destin échu est celui que je sais
Si seulement ce destin pouvait en cette coupe trouver sa fin
Enfin, cette nuit
On dit que celui-là qui sait le sens des choses est un sage mature
Moi, le cahier des sens, je l’ai lavé au vin jeune de la coupe
Cette nuit
Toute notre prudence n’est que folle insouciance
Moi, j’ai choisis le vin sans souci de ma fin ou
peur de l’au-delà
Cette nuit
Je ne regarde plus la destinée fatale, cette vieille séductrice
Car elle ne mérite, femme de mauvaise vie, que dédain et mépris
Cette nuit
Et ne serai plus le jouet du destin qui change chaque jour
J’ai passé cette nuit
Un pacte intime et sûr avec le vin vermeil : ni désir, ni regret !
Translation by Leili Anvar
If only this wine, blood in the heart of the cup, would rescue me
Tonight
As I drink the bitterness of the times from the chalice of life
In the flames of the cup, I will burn the book of names and renown
To free my soul from all illusions and thoughts
Tonight
If my destiny is just the one I know,
I wish my fate would find its end in this cup
Tonight
It is said that knowledge makes you mature and wise
But the book of knowledge, I washed it in the young, immature wine
Tonight
All our prudence is foolish carelessness
I only care for wine, I, careless of my end or of the world beyond
Tonight
I do not longer look at fatal destiny, this seductress of old
For she deserves, woman of ill repute, only disdain and contempt
Tonight
And I will no longer be the plaything of fate that changes every day
For tonight
I’ve made an intimate pact with the ruby wine : no desire, no regret !
مگرم داد رسد خون دل جام امشب
زانکه خون میخورم از تلخی ایام امشب
دفتر نام به آتش کشم از شعله جام
تا شوم فارغ از اندیشه اوهام امشب
گر که تقدیر من آنست که من میدانم
کاش تقدیر مرا بود سرانجام امشب
پخته گویند کسی را که معانی داند
شسته ام دفتر معنی به می خام امشب
مصلحت دانی ما غایت بی تدبیری است
من و تدبیر می و غفلت فرجام امشب
بسته ام چشم از آن عشوه گر پیر زمان
زانکه آن هرزه بود در خور دشنام امشب
دگرم بازی ایام ز حسرت نکشد
بسته ام عهد خوداین مرتبه با جام امشب
Traduction par Amir Sharifi
Viens donc mon hirondelle, la saison verte est là !
Déploie tes ailes dans la fraicheur de l’aube,
Sens comme l’air a un parfum familier,
Regarde le sol recouvert d’un tapis de verdure,
Embrasse la fleur qui porte les graines de la vie,
Elle a apporté à la rue le parfum des acacias.
Viens donc mon hirondelle, la saison verte est là !
Observe l’harmonie du soleil, de la terre et des plantes,
Ecoute le chant du vent passionné sur la plaine,
Regarde le puissant mouvement des nuages vers la montagne,
Et l’alliance de la pluie et la foret dans le ciel.
Je connais les histoires anciennes,
Mais ce printemps n’est pas comme les autres,
Le sol est plus jeune que ce qui était annoncé,
Je peux voir le cœur rouge de la tulipe ;
L’œil du narcisse ne veut pas se fermer.
Le printemps est la saison de dieu, mon hirondelle.
Viens et déploie tes ailes dans la fraicheur du printemps.
Danse, danse dans la coupe bleue de l’univers !
Bois la lumière dans la taverne de la gentillesse,
Viens au couvent de la roseraie,
Tu es de la même origine que les fleurs,
Mon hirondelle.
Come then, my swallow, the green season is here!
Unfold your wings in the cool of dawn,
Feel how the air has a familiar scent,
See the ground covered in a carpet of green,
Embrace the flower that carries the seeds of life,
It has brought to the street the scent of acacias.
Come then, my swallow, the green season is here!
Observe the harmony of sun, earth, and plants,
Listen to the song of the passionate wind on the plain,
Watch the powerful movement of clouds towards the mountain,
And the alliance of rain and forest in the sky.
I know the ancient stories,
But this spring is not like the others,
The ground is younger than what was announced,
I can see the red heart of the tulip;
The eye of the narcissus does not want to close.
Spring is the season of God, my swallow.
Come and unfold your wings in the cool of spring.
Dance, dance in the blue cup of the universe!
Drink the light in the tavern of kindness,
Come to the convent of the rose garden,
You are of the same origin as the flowers,
My swallow.
به فصل سبز بیا
ای پرندهی غمگین
و بالهایت را بگشای
در طراوت صبح
ببین چگونه هوا طبع آشنا دارد
ببین چگونه زمین خفته در حریر پرند
ببین چگونه گل، این پیک دانههای غمین
پیام عطر اقاقی را
به کوچهها آورد.
به فصل سبز بیا
ای پرندهی غمگین
ببین تفاهم خورشید را با زمین و گیاه
ببین ترنم پرشور باد را در دشت
ببین تحرک پر بار ابر را بر کوه
و اتفاق باران را با جنگل
در هم آغوشی صبح.
من از بهار سخنهای کهنه میدانم
ولی بهار من امسال آن بهاران نیست
زمین جوانتر از آن است
کان معلم میگفت.
به چهر لاله دگر غم نمیبینم
به چشم نرگس
تمهید خواب رفتن نیست
بهار،
فصل خداست
ای پرندهی غمگین
بیا و بالهایت را
بگشای در طراوت صبح
به رقص، بر نیلی جام نیک به عرصهی ابر
به نوش نور، زخُمخانههای ساقی مهر
به خانقاه گلستان بیا
بیا، به خانهی خود
تو از تبار گَلی
ای پرندهی غمگین